Coronavirus : état des lieux


 
Que sait-on du coronavirus ?



Vous en avez assez d'en entendre parler ? Après plusieurs mois sans vie sociale et d’innombrables infos tous les jours, je vous comprends. Mais lesquelles retenir? 
Nous commençons à avoir du recul sur la pandémie. Je vous propose un petit état des lieux sur les connaissances.
Cet article peut intéresser les soignants comme le grand public.


Le coronavirus, initialement considéré comme une « simple grippette », devient une pandémie à l’origine d’une période inédite qui marquera l’Histoire.
Pour y voir le côté positif, cette période aura  permis à la plupart d'entre vous de devenir cuisinier, pâtissier, bricoleur, sportif, professeur, danseur, dessinateur, professionnel du squattage du canapé ou encore geek endurci.


Je vous propose un article comme je l'expliquerais aux patients.


I) Epidémiologie et physiopathologie



Le COVID-19 est un nouveau coronavirus, de la même famille que le SRAS ou MERS, qui a été identifié en Chine en janvier 2020.

Quelques chiffres pour se faire une idée :

- Au niveau mondial: Plus de 6 millions de cas au 31 mai 2020. Ce chiffre ne représentent que les cas confirmés et non le nombre de cas réels car beaucoup de patient n’ont pas été testés.

- En France : Plus de 151 000 cas confirmés, mais là encore cela ne correspond pas au nombre réel de cas.
Le nombre de décès correspond aux décès à l’hôpital + EHPAD + établissement médico-sociaux.


Ces chiffres sont au 31 mai 2020.


Si vous voulez en savoir plus sur les chiffres, les évolutions, en France ou par région, tout est disponible sur le site de Santé Publique France et de l'Inserm, voici un lien: ici , ici , ici


II) Physiopathologie



La partie physiopathologie a déjà été expliquée dans le 1er article « déconfinement, ce qu’il faut savoir » qui explique les modes de transmission et les différents gestes barrières qui en découlent. N'hésitez pas à aller vous rafraîchir les idées en allant le reconsulter ☺☺.

1) Chaîne de transmission 

La porte d’entrée, mais également de sortie, du virus est respiratoire. En effet, le virus pénètre dans les voies respiratoires par l’intermédiaire d’un récepteur au niveau des voies respiratoires (récepteur de l'enzyme de conversion de l'angiotensine 2). Il se multiplie, puis est excrété dans les sécrétions bronchiques sous forme de gouttelettes. Ce sont ces gouttelettes qui se déposent dans l’entourage direct d’une personne contaminée, sur les surfaces ou sont inhalées par des personnes non contaminées.


Durée de vie sur des surfaces :  3 heures dans l’air, 24 heures sur le carton et 2-3 jours sur le plastique et l’acier inoxydable.




2) Différences avec la grippe


Voici ci dessus un tableau permettant la comparaison avec la grippe et avec les autres coronavirus tiré d'un article canadien.  

« C’est une petite grippette » .. c’est ce qui était dit au début de l’épidémie.

En fait, lorsque l’on fait la comparaison avec la grippe, on y trouve des différences.


- Le taux de reproduction du SRAS-CoV-2 est deux à cinq fois plus élevé que celui du virus de l’influenza. Cela signifie qu’une personne atteinte du COVID-19 va infecter, en moyenne, entre 2 et 5,7 personnes, tandis qu’une personne atteinte de la grippe saisonnière va infecter 1,3 personne.

- Le taux de létalité est 10 à 20 fois plus élevé pour le COVID-19.



III)     Clinique



Il existe plusieurs formes cliniques.

-La forme asymptomatique 15% : attention !! Ne pas avoir de symptôme ne signifie pas qu’il n’y a pas de transmission. Ce n’est en revanche, pas tout à fait clair au niveau du mécanisme. Mais c’est probablement par ces formes que l’extension a pu être favorisée.


- La forme modérée
81%, qui est la plus fréquente et polymorphe :  fièvre, signes respiratoires (toux, dyspnée), ORL (anosmie, encombrement nasal, douleur pharyngée), digestifs (diarrhées, vomissements.



- La forme sévère  à critique (14%) qui va du besoin en oxygène uniquement à la détresse respiratoire aiguë, le choc septique ou la défaillance multi-viscérale. Cette forme nécessite une hospitalisation en hospitalisation conventionnelle ou en réanimation dans les formes les plus graves.



-  Forme particulière de l’enfant :  Cette forme s’apparente à un syndrome de Kawasaki c'est à dire une fièvre importante et persistante, une éruption cutanée, des adénopathies, des signes digestifs, des atteintes cardio-respiratoires. Elle serait liée au COVID 19 mais c’est encore en cours d’étude. Une étude rétrospective a été réalisée en réanimation pédiatrique sur 35 enfants en mai 2020, devant l’augmentation des myocardites aiguës graves. Le but était d’essayer de mettre en évidence un lien entre le COVID 19 . A postériori 31 enfants étaient positifs au coronavirus. Les cardiologues de l'étude propose le terme d' "inflammation multisystémique de l’enfant associé au SARS COV 2".
 

IV)   Stratégie diagnostique



En plus des signes cliniques en faveur d’une infection au COVID 19, des tests sont proposés pour tenter de confirmer le diagnostic.



          1)   PCR




La PCR se fait par prélèvement naso-pharyngé, pas très agréable certes, imaginez le coton tige qu’on vous enfonce au fond du nez ….
Ce test a une sensibilité variable. Des études ont montré une sensibilité entre 56 et 83% , mais une métanalyse (reprise de plusieurs études), retrouvent une sensibilité à 89%. Ceci signifie, que des tests ne peuvent pas toujours confirmer le diagnostic. Mais globalement, une PCR positive confirme le diagnostic.



          2)   Sérologies



Les sérologies se font grâce à un prélèvement sanguin mais il n’y a pas de recommandation franche. Elle ne permet pas de confirmer le diagnostic, mais est plutôt un outil épidémiologique permettant de répondre à la question « suis-je ou ai-je été malade ? ».



Les 2 tests sérologiques sont :
- Le test Elisa : Il désigne des tests réalisés en laboratoire grâce à une prise de sang ensuite analysée grâce à des réactifs. ELISA fonctionne sur la réaction entre l'antigène (contenu dans le test) et l'anticorps (dans le sang), dont la combinaison est repérée grâce à une enzyme qui colore et établi le résultat.



- TDR : Ce type de test s'effectue, lui, grâce au prélèvement d'une goutte de sang au bout du doigt, que l'on insère ensuite dans un dispositif semblable à un test de grossesse.

Le passage du sang dans différents réactifs permet d'établir ou non la présence d’anticorps.



          3)   Scanner thoracique



Les lésions retrouvées sur le scanner ne sont pas spécifiques du COVID. Le scanner thoracique ne sert donc pas au diagnostic. Il est un argument en plus si la suspicion est forte et permet d'évaluer la gravité, et l’évolution.





V)   Conduite à tenir en pratique



     1) Utilisation des tests

- La PCR est réalisée pour tout patient symptomatique.
- La sérologie : il existe 3 indications mais ce n’est pas encore généralisé
.
        •En diagnostic initial en complément de la PCR si celle-ci est négative mais que la suspicion reste forte (scanner thoracique évocateur, clinique évocatrice)
       
•En rattrapage, si PCR non faite entre 7 et 14 jours de symptômes.
       
•Détection des anticorps chez les personnels de santé/personnels des établissements sociaux et des hébergements collectifs étant NON symptomatiques.


    2) Prévention



  a) Distanciation physique et désinfection de l’environnement.



  b) Application Stop COVID

Cette application permet de prévenir une personne ayant l'application si elle a été en contact rapproché dans les 15 derniers jours avec une personne qui vient d'être testée positive au COVID 19.
Cette application soulève cependant des questions éthiques concernant le partage des données, leur utilisation et leur protection. Une autre question concerne l'accès aux données, car 20% des Français n'ont pas de smartphone. L'utilité de l'application et son caractère indispensable sont donc discutés.


Voici plusieurs liens qui ont aidé à la réalisation de l’article et que vous pouvez lire si vous êtes  intéréssés :
- Site de santé publique France
- Site de l'Inserm

https://lecmg.fr/coronaclic/ : gestion des cabinets en ville
- Publication canadienne ici 




J'espère que vous avez apprécié cet article :) 


A bientôt, 

Docteur M

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